Megal'O Night par Willy

Samedi 10h00, Nicolas passe me prendre, direction : Azay le Rideau (à côté de Tours) et la CO la plus longue de l’année (et comme cela était indiqué à l’accueil de la course : certainement la dernière CO avant la fin du monde !!!). Après une pause à Bordeaux, nous profitons d’un rayon de soleil pour nous arrêter sur une aire de repos afin de prendre quelques minutes pour manger.

 

La météo sur le trajet annonce l’ambiance : plus nous montons vers le nord, plus le ciel s’assombrit, et nous nous retrouvons régulièrement sous de nuages crachant une pluie battante !! Tout le long du trajet, nous discutons de l’épreuve à venir. Les données sont à la fois claires et impressionnantes : 10h de course, qui plus est, de nuit (de 22h à 08h), et 60km annoncés pour ramener la totalité des balises (71). 1 seul ravitaillement (en eau) au milieu de la course.


Ni Nicolas ni moi n’avons courons aussi longtemps ! Comment le corps va-t-il réagir ? épuisement, crampes, douleurs ? et l’alimentation ? et le sommeil ? quoi mettre dans le sac ?

16h30, nous arrivons à Azay le Rideau. Afin de nous dégourdir les jambes après ce long trajet en voiture, on décide d’aller gambader une petite demi heure en forêt. Et il ne nous pas fallu plus longtemps pour tirer quelques conclusions : le terrain est détrempé, les layons dont Eric Carneiro nous avait parlé sont quasi invisibles ; en revanche, les fossés sont omniprésents et bien visibles, mais se croisent et s’entrecroisent. La forêt est belle, propre ; elle nous invite à l’effort nocturne. 

 

Nous sommes en avance pour aller retirer notre dossier d’inscription, donc nous décidons d’aller visiter Azay le …. Ce petit village au bord duquel coule l’Indre est charmant. Avant le repas, nous décidons d’aller boire un verre dans le (seul) bar du centre. Le bâtiment est beau, et nous nous accoudons sur le zinc, au bord d’une grande cheminée afin de siroter un coca, en compagnie des piliers de bar locaux, qui eux, préfèrent les nourritures spirituelles locales. Pittoresque et chaleureux. 19h00, nous partons au restaurant : Salade pour Nico, pizza pour moi. L’atmosphère d’avant course est différente de ce que l’on connaît habituellement : il est rare, à 3h du départ d’une course, de rentrer dans un petit resto !!!! 

 

L’heure du départ approche, et nous nous rendons à l’accueil de la course. La salle polyvalente du village est transformée en un vestiaire géant ! Et quand on voit les différentes équipes se préparer, les mollets affutés, les tenues d’équipes que l’on retrouve souvent sur les podiums en raids aventure (Flying Avent’hure, Echappés de Mélusine, Chantonnay Raid, Rado 79, Sud Loire Raid Aventure…), y’a du lourd ! Comme le poète D’Hooghe me l’illustre : Y’a pas que des lapins de 3 semaines ici !!! Nous retrouvons aussi Eric Carneiro et ses compères de Cahors AOC, 3 mégal’O a leur actif, et remontés comme des pendules !

 

L’organisation du sac est compliquée pour moi : va-t-il faire froid, humide ? quelle nourriture : des gels, des barres, des sandwiches ? et combien ? sans parler de l’eau ! 2l, 3l ? Je préfère jouer la sécurité : tenue de rechange, 2,7l d’eau, nourriture à profusion, et les grosses batteries pour le phare. Inconvénient : mon sac frise les 6,5 kgs ! Sur la durée, c’est non négligeable.

22h00, le départ est donné : 4 cartes à récupérer : 1 CO urbaine au 1/5000 à l’Est de la zone de course, 2 cartes au 1/15000 (au centre) et la 4ème carte, de l’Ouest, au 1/16000 : parfait pour les conversions : va falloir sortir la calculette ! Nous prenons 10min pour nous poser et tracer notre itinéraire, découper les définitions pour les mettre dans notre porte-déf et feu !!

 

Nicolas oriente sur la CO urbaine, sans trop de soucis (enfin…c’est ce que l’on croyait !). Je prends la suite, avec un choix de partir d’abord par le Sud. La stratégie, initialement, était d’alterner toutes les 30 min, afin de pouvoir reposer le cerveau. Mais cette stratégie aura tenu…1h !! Rapidement, Nicolas sentant que j’hésite un peu, reprend la main. Et j’avoue que jusqu’à environ 1h du matin j’ai suivi tant bien que mal les grandes jambes de Nicolas ! Globalement, il s’en sort très bien, nous avançons à bon rythme, et conséquence de notre choix Sud, nous arrivons à 00h50 au ravitaillement…qui n’ouvre qu’à 1h00 !! 

Le stand est vide et tout éteint ! Adieu la soupe chaude ! Nous retrouvons un bénévole qui somnole dans sa voiture. Nous récupérons le fond d’eau qu’il reste dans un ancien gros cubi de vin, qui a servi pour les ravitaillements des plus petits circuits, partis avant nous. Or, est-ce le goût de l’eau teintée de vin, une indigestion ou la fatigue, mais ce ravitaillement a marqué le début pour moi d’une traversée du désert d’une heure trente environ ! Mal au ventre, petites nausée, jambes coupées. Le mental en prend un coup. Nicolas assure toujours l’orientation, mais peu à peu j’arrive à me remettre dans la carte. Et là, paf, la 243, à 1h13 du matin (33ème balise poinçonnée, tout de même), Nicolas nous fait une sortie de poste de débutant : une erreur de 180° ; je lui signale, mais il s’obstine ! j’insiste ; il refait le point, et reconnaît que c’est peut être le moment de passer la main ! 

 

Carte IOF Megalonight
Carte IOF Megalonight
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Allez, je prends la suite. 2h00 du matin, nous attaquons la carte la plus à l’Ouest. Ouf ! le changement de carte est toujours un moment particulier : à l’aller on se dit que l’on s’éloigne, mais que l’on avance, et au retour, on sent l’écurie arriver mais il faut rester concentré. Cette 4ème carte construite au départ pour du VTT’O représente pour partie une friche industrielle. Et un long interpostes (plus de 20min de course le long de la route) va copieusement entamer notre moral. Nicolas ressent une douleur montant au niveau du genou, et moi je gère tant bien que mal mes problèmes digestifs. Eric nous avait prévenu d’affuter notre moral pour tenir sur la durée. Et nous avons peut être manqué de mental, lorsque nous faisons le choix de ne pas aller chercher les 4 balises les plus lointaines. On sort la sangle, et Nicolas me tracte. Il va chercher 3 balises pendant que je marche et me ravitaille. De son côté, il gère la douleur, saute de fossé en fossé. Je sens pour ma part que la forme revient.

 

Il est 3h du matin, nous avons pointé 40 balises. Ca roule. Nous sommes très souvent seuls, il ne pleut pas (seulement quelques gouttes sur l’ensemble de la nuit), et la température doit osciller autour de 6°C. C’est parfait ! jusqu’à la balise 199 : un rocher proche d’un ruisseau : un petit manque de lucidité associé à pas de chance et un soupçon d’aléa fait que Nico passe à 5m de la balise sans la voir ; il cherche, retourne chercher un point remarquable mais nous fait encore une erreur de 180° tourne, vire s’énerve. Pendant ce temps, je change ma batterie de frontale, puis continue à chercher en marchant, et tombe sur la balise : la balise est tombée au sol, et c’est le boitier que j’ai vu briller dans la nuit. Me voilà au pied de la balise, mais sans Nicolas : me voilà à appeler mon équipier pendant 5 min dans la forêt, qui enfin…revient. A partir de là, sans se concerter, nous changeons de stratégie pour orienter : 

Nicolas prend la main, et je confirme. Quand il y a besoin de faire un azimut, chacun fait son itinéraire, afin que nous ratissions plus large : stratégie payante ! on enchaîne les balises quasi sans jardiner. En revanche, les chemins en boue détrempée nous ont offert des tickets pour des belles glissades, et Nicolas ne s’en n’est pas privé !! 4 ou 5 chutes dans la boue !

 

Cette partie de la forêt est belle, propre, nous comptons les fossés, les balises s’enchaînent, nous collaborons super bien, le moral est au beau fixe !

 

5h40 de matin : après avoir pointé « les marmites des géants » (original comme définition de poste, non ?) nous revenons sur la 1ère carte : quel plaisir ! Mais à 3 balises de la fin, nous ratons un layon, et nous nous « offrons » 400m de traversée d’un roncier !! Galère ! Puis on se recale et la marche en avant continue. L’arrivée est proche, on poinçonne les 2 dernières balises, et nous finissons à un bon petit rythme : 10km/h.

 

La balise d’arrivée livre son verdict : nous avons mis 8h43, pour ramener 66 balises. Le GPS annonce 56km. Cette performance nous offre la 9ème place sur 33 partants. 

Les premiers ramènent les 71 balises en 7h20 ; impressionnant ! bravo à eux. En revanche, les 4èmes ramènent les 71 balises en 9h22, ce qui peut nous faire réfléchir sur la marge pas si importante que ça, qui nous sépare d’eux. Nous sommes très satisfaits, mais nous réalisons que c’est clairement 1 ou 2 choix dans l’ordre des balises associé au manque d’expérience de cette carte et de l’effort de long court qui nous fait perdre quelques places. Après une rapide douche, je discute à droite ou à gauche pendant que Nicolas s’endort à même le podium ! il ne sera réveillé que par les concurrents qui montent chercher leurs récompenses !

 

Le retour en voiture est long et difficile à gérer : nous nous arrêtons à plusieurs reprises pour changer de conducteur et/ou dormir.

Au final, nous avons vécu une aventure fantastique, d’abord sur la forme : c’était une première pour nous, cette nuit blanche à chercher des balises, courant pendant près de 60km, en autonomie. Ensuite sur le fond : en dépit de mon coup de moins bien, nous ne nous sommes pas physiquement écroulés (les 26 premières balises pointées en 3h00, les 26 dernières en 3h08), notre répartition des rôles a été complémentaire et efficace, nous avons peu jardiné, et surtout passé un grand moment de sport, de partage et de complicité ! L’année prochaine, on y retourne, et cette fois, on ramène la chauve souris en bois !!!

 

Temps Poste par Poste - Epreuve Dracula
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Commentaires: 6
  • #1

    villeneuve-co (mardi, 18 décembre 2012 23:38)

    Merci Willy pour ce compte rendu et pour cette super aventure humaine! Nico

  • #2

    Ludo le frangin (mercredi, 19 décembre 2012 07:33)

    Bravo les gars, ça donne envie d'aller se perdre en forêt pour aller poinçonner quelques pommes de pain...! (Ben quoi quand tu n'a pas de balise permanente faut bien trouver un truc à poinçonner...) Bravo pour les 56 bornes en tout cas...

  • #3

    d hooghe martial (mercredi, 19 décembre 2012 08:22)

    bravo c est bien et sympa les frangins pour la prochaine a éviter les fonds de cubi mais des jus concentres et barres de céréales bisous papa

  • #4

    eric (mercredi, 19 décembre 2012 18:05)

    joli récit emprunt d'émotion et de passion. Seuls des guerriers au grand coeur arrivent au terme de cette épreuve dantesque et quand on y a gouté on ne peut plus s'en passer.

  • #5

    Catherine S. (mercredi, 19 décembre 2012 19:48)

    Bravo pour cette performance et cette complicité dans le sport ! Vous avez la pêche , profitez en !!
    Gros bisous , Mam

  • #6

    Willy (mercredi, 19 décembre 2012 21:28)

    Eric, tu as raison !
    Il me tarde déjà la prochaine édition !!!

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